LONGO MAÏ, partie lainage

Publié le par plumtec

Longo Maï, je n'étais même pas née quand ce groupement a commencé à faire parler de lui.

 

A leur époque et même encore aujourd'hui, on a parlé de secte, de choses pas jolies....  Les informations sont rares, mal étayées et peu fiables.C'est difficile de parler de ce groupement d'hommes , car je ne les connais pas beaucoup, Gogogle en dira autant que moi, là n'est pas mon sujet aujoud'hui.

Il me semble cependant important de voir dans leur histoire, la volonté de vivre en hommes libres, de donner et rémunérer le travail de chacun, (l'argent pour l'argent ne sert à rien, on n'emporte pas ses pièces d'or au paradis...) et d'offrir une nouvelle façon de voir le travail, la liberté, la vie  collective. 

 

Je connaissais depuis longtemps la filature LONGO MAÏ de Chartemerle, pour passer devant le panneau, à chaque voyage dans la vallée ... depuis 25 ans....

Mais je ne m'étais jamais arrêtée à visiter cette filature.

 

Extraordinaire, et puissant .

 

on est accueilli avec le sourire, ce n'est pas une société industrielle, avec un tant de CA et un tant de salariés, pas de site web, ni de pub à gogo , mais la porte ouverte sur le monde coop version laine:

 

Ce qui surprend les touristes, c'est la visite en elle-même: on commence en bas près de la rivière niveau -1 , à côté des ballots de laine venus d'Europe, blanche ou brune, à même le sol, entourés de palettes, de brouette, ici des skis  pour le prochain hiver, là des objets hétéroclytes...  bref pas du tout le modèle ,usine rangée impeccable, mais qu'importe.  et la Guisane, puissante qui coule juste à côté...

Puissante aussi l'odeur de la laine juste lavée, pleine de suin encore, on croirait se tenir à côté de l'animal,

L'eau, l'essorage, l'eau, l'air soufflé, l'odeur des huiles des machines, le bruit de l'eau et le cliquetis mecanique,  les dépôts de laine ici et là, et l'antique escalier de meunier pour remonter, raide, lessivé, mais solide.

 

Niveau 0, la laine lavée et essorée est ici peignée, nappée, transformée en fil, puis tissu ou laine à tricoter.

Dans la salle principale, silencieuse , pour la visite, flotte cette odeur de laine fraiche, d'animal et d'huile de machines,

le guide, berger de son vrai métier, parle comme un berger, pas trop fort, ne s'attarde pas à répéter, explique l'essentiel, et s'avoue incapable de donner la suite, quand cela le dépasse. 

la fileuse est mise en marche, celle qui transforme la "nappe" de laine et fil, sur des cônes, très réguliers,

et cette énorme machine donne l'impression d'un monstre du XIXéme siècle. 

Là tout Zola vous revient, et aussi on touche concrètement du doigt, le calvaire des enfants exploités jeunes dans des usines de filature des pays en voie de développement  (NB, ce n'est pas parce qu'on ne parle plus du travail des enfants au 20 heures, qu'il n'existe plus... )

Notre berger-guide arrête le compresseur, le cliquetis de la machine s'estompe, et le monstre se rendort.

 

Un touriste pose une question: " combien y a t-il de salariés ici? ", réponse du berger, " on est volontaire, ici, je ne sais pas" .... puis d'ajouter  "il faut tant de personnes pour cette machine là..... " et là je me rends compte que peu de gens ont compris la philosophie  longo mai.  Je glisse discrètement , au monsieur étonné de cette réponse,  "c'est une coopérative, ici "... j'espère qu'il aura ses vacances finies, trouvé un site web expliquant longo Maï, mieux que mon concept 'coop'.  Les gens modernes sont trop rivés à leur entreprise chiffre d'affaires pour comprendre le bonheur du travail bénévole....

 

Dans la salle voisine, les fils deviennent toile, morceau de tricot ou chaussette ou même écheveau de laine.

on approche de plus en plus du lieu magasin, le sol est moins gras, moins rempli de laine ou de graisse des machines, mais celles-ci sont toujours là, merveilleuses ingéniosités des hommes. 

 

Sidérée: la chaussette a été tricotée devant moi en moins de 10 minutes, super douce, mi-mollets, délicieuse...

F-I-N-I   c'est fini, je n'essayerais même plus de me battre avec mes 4 aiguilles dont une prend toujours la poudre d'escampette.

 

Derrière,  un métier à tisser, d'ou sort une toile , qui sera foulonnée.

 

Enfin perché là, au dessus du magasin, niveau 1, l'atelier de confection. On élabore ici à partir de modèles, des vêtements en drap de laine; des prototypes.Petites machines ici mais oh combien délicieuses :  surjeteuses, machines à coudre, fers vapeur....

 

Et là dans le magasin, on trouve enfin le produit fini."C'est cher"(ah bon? )  dit une  dame .

 

oui c'est le prix,!  le vrai prix, pas celui du catalogue vpc qui vend en acrylique, ou du supermarché de fringues kiasonhabit...  C'est le prix du travail, de ce que devrait etre payé chaque vêtement.    On oublie qu'on surconsomme  de la main d'oeuvre asiatique très très bon marché et,  lorsqu'on se retrouve devant un vrai produit artisanal qui a coûté du travail et des bras "chez nous", on trouve que c'est cher .....

 

j'ai acquis 2 paires de chaussettes, et 4 écheveaux de laine;

 

conseil: faire des pelotes de ces écheveaux avant tout travail dessus, car sinon, emmèlage garanti.  La laine est encore grasse, mais une  fois lavée, elle est chaude et douce.(mon échantillon ...)

je teste la "2 fils" avec  le crochet n°  3.

 

A bientôt

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans achat solidaire

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C
<br /> souvenirs souvenirs, la laine de longo maï en écheveau... j'en avais tiré un joli pull pour enfant qui hélas a eu plus tard un lavage malheureux, la vraie laine ça ne pardonne pas! ça doit être<br /> impressionnant en effet la filature, j'aimerais bien y faire un tour n'empêche.<br /> <br /> <br />
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